Arrivé en provenance du Paris 15 A.C. où il a connu un certain succès pendant les dix saisons passées chez nos voisins, ALEXANDRE PEREIRA est en charge depuis 2015-2016 des séniors féminines du CA Paris 14 (150 joueuses aujourd’hui). Après une première saison de « cadrage » (…dont deux descentes dues à la réforme des championnats féminins par la F.F.F.), son staff et lui ont enchaîné trois années remarquables, tant du point de vue des effectifs que des performances (sept titres en Ligue et en District) qui témoignent d’un vrai savoir faire sur et hors du terrain. En ce début de trêve hivernale, Alexandre ouvre notre série d’interviews des responsables des sections du club.

Q – Championnes d’automne en Régional 1 et qualifiées pour les 16èmes de finale de la Coupe de France Féminine : pouviez-vous rêver meilleur début de saison pour vos féminines ?
Sur le plan sportif, c’est une réelle satisfaction et une belle récompense pour ce groupe qui se donne les moyens de réussir de par son investissement depuis le début de saison. C’est un beau chemin que nous avons parcouru depuis maintenant quatre ans. Celui-ci est encore très long mais continuer sur cette lancée en championnat est un challenge excitant et motivant. Concernant la Coupe de France, c’est une superbe aventure humaine et sportive pour le club, les joueuses et le staff. Grace à leur cohésion et détermination, les filles ont arraché une qualification historique pour les 16èmes de finale de la coupe de France contre un bon adversaire, Valenciennes. C’est avec cet état d’esprit que nous souhaitons poursuivre en championnat. C’est un bon moment à vivre et nous espérons faire une belle fête à domicile au prochain tour (Le Mans, le 12 janvier au stade Didot).
Q – Historiquement, les barrages de montée en D2 Féminine semble apparaître comme une sorte de plafond de verre du club (deux participations en 2019 et 2012 pour autant d’éliminations) ? Que pensez-vous qu’il faudrait pour que, si la situation se représente en juin prochain, ce plafond explose enfin ?
Pour le moment, on ne se pose pas la question. Le championnat reste serré, tout peut aller très vite. Seuls quatre points nous séparent du 3ème et du 4ème au classement. Nous n’abordons pas ce sujet avec les filles. Nous prenons match après match sans penser aux barrages. Nous insistons surtout sur le travail, la cohésion et la prise de plaisir sans pression de résultats. Néanmoins, nous abordons tous les matchs dans la volonté de les gagner. Le groupe continue de travailler pour se préparer au mieux physiquement, mentalement et tactiquement. Rien n’arrive par hasard. Nous ferons le point au mois de mars pour éventuellement étudier la meilleure stratégie pour faire face aux barrages.

Q – Avec le recul et en dehors de l’augmentation cette saison des effectifs de la Section Séniors Féminine (+20%) quel a été l’apport de la Coupe du Monde sur l’ensemble du football féminin du club d’après vous ?
Ce qui est sûr est que la Coupe du monde a changé de façon évidente le regard du public sur le foot féminin (photo : reportage réalisé au club par RMC / BFMTV). Il intéresse aujourd’hui beaucoup plus de monde au sein du CA Paris 14 aussi : éducateurs, dirigeants et joueurs. Nous avons remarqué un « effet Coupe du monde » notamment sur les catégories jeunes. Certains parents ont constaté que ce sport n’était pas uniquement réservé aux garçons : il était temps (sourire).
Q – Avec une équipe engagée cette saison dans chacun des trois championnats régionaux séniors féminins (R1, R2 et R3), une situation unique pour une club francilien, comment gérez-vous cette situation ?
Avec trois équipes en régional, les enjeux sont importants pour chacune des équipes engagées. Cette année les objectifs sont donc plus difficiles car le niveau de compétition augmente. Notre équipe réserve réalise un bon début de saison puisqu’elle reste toujours invaincue dans son championnat R2 et actuellement à la 3ème place. Notre équipe SF3 se bat chaque week-end pour son maintien. Elle vient d’ailleurs de sortir de la zone de relégation après sa victoire contre le FC Cergy-Pontoise. Nous insistons auprès des joueuses et du staff sur le « projet club » et non simplement sur un « projet d’équipe » afin d’avancer et d’atteindre tous ensemble les objectifs. Sur le plan sportif, nous avons établi un projet de jeu commun entre l’équipe 1 et 2. Aussi, l’équipe 2 et 3, ont un créneau en commun. Cela permet en partie de préparer au mieux les rencontres du week-end et de gérer les montées/descentes des joueuses. Sans oublier, les équipes 4 et 5 qui sont bien sûr tout autant intégrées au projet club même si les attentes sont différentes. Nous accordons également beaucoup d’importance à la bonne ambiance et à la cohésion entre les cinq équipes de la Section Séniors Féminine.

Q – Comment fait-on quand on dirige un groupe au sein duquel la Présidente du club est joueuse ?
On la met titulaire chaque match (éclat de rire)… Non, je plaisante évidemment : au départ j’appréhendais un peu la situation. Finalement, cela n’a rien changé. Je la considère comme une joueuse à part entière sur les créneaux d’entrainements et les matchs. Je garde le même niveau d’exigence avec « Magali, la joueuse ». En dehors du terrain, je la considère comme « Magali, la Présidente du club » et je respecte son statut. Nous arrivons tous les deux à dissocier ces deux contextes et respectons mutuellement nos rôles. Nous n’avons donc jamais rencontré de problème à ce niveau.
Interview réalisée le 19 décembre 2019.