Arrivé sur Paris de sa Haute-Savoie natale en 2018, EDDY CHAUVIN s’est intégré très vite dans le collectif du CA Paris 14, club qu’il a naturellement choisi en étant surveillant au collège François Villon. Doté d’un Brevet de Moniteur de Football, son profil d’éducateur jovial et dynamique s’est parfaitement inscrit dans le projet du club pour ses plus jeunes joueur.euse.s initié par Charles Morisseau et la direction du CA Paris 14 la saison passée ; aussi, c’est naturellement qu’après le départ de ce dernier vers le District des Hauts-de-Seine Eddy ait repris une large partie de ses fonctions au sein de la Section JEUNESSE… et même plus !

Q – En tant que responsable de la Section JEUNESSE, peux-tu nous définir quel est le périmètre de ton action au sein du club ?
Aujourd’hui, ma responsabilité s’étend de nos petit.e.s U6 jusqu’à nos U16, en incluant bien sûr les catégories féminines (U11F-U13F-U15F). Dans un premier temps, ma mission est d’organiser et de développer la pratique de tou.te.s nos adhérent.e.s, en mettant les notions de plaisir, de jeu et d’exigence au centre de nos réflexions. Néanmoins, je sais pertinemment que former de bon.ne.s (Eddy fait un signe entre guillemets avec ses mains) joueur.euse.s ne suffit plus aujourd’hui, il s’agit donc de se servir du football comme un levier de formation des citoyen.ne.s de demain. Aussi, j’ai également en charge le développement de tout l’aspect éducatif de la Section JEUNESSE. L’idée numéro une est d’apprendre le vivre ensemble et l’acceptation des différences, en ouvrant les esprits parfois un peu fermés (Eddy fait un clin d’œil) des uns et des autres, et leur faire découvrir des choses auxquelles ils n’auraient pas forcément accès dans leur quotidien.
Q – Tu es également l’éducateur en charge de la catégorie U18. Comment vois-tu l’articulation entre les plus jeunes de la Section Séniors Masculine et l’équipe fanion du club ?
Avec l’arrivée de Paulo César au club, il y ‘a une vraie volonté de travailler avec nos joueurs sur le long terme, de penser au futur, et non de voir la réalité par le prisme de notre propre catégorie. Ces dernières semaines, trois de nos joueurs sont allés renforcer l’équipe première : cela peut générer de la frustration pour les jeunes car on se prive de joueurs clefs en U18, mais en même temps cela créé une dynamique pour que des joueurs prennent plus de responsabilité dans leur rôle de leader, notamment les U17. D’un autre côté, on a des joueurs plus matures, qui sont heureux et se sentent valorisés d’aller jouer avec les séniors. Au bout du compte, c’est bénéfique pour tout le monde. On se rend aussi compte que la catégorie U20 que la direction sportive a hésité à lancer en début de saison n’aurait été probablement qu’une étape de trop pour l’épanouissement de nos joueurs.

Q – Le CA Paris 14 est l’un des très rares clubs parisiens à avoir deux labels ; dans le même temps, aucune des ses équipes de jeunes (U14, U16) ne figure au niveau régional. Comment expliquer ce paradoxe, si paradoxe il y a ?
Les résultats ne doivent être qu’une finalité d’un projet à long terme, pour qu’ils puissent être viables et durables dans le temps. Il est nécessaire de construire un projet qui dure, et non de faire des saisons en one shot. Même si le projet club est en route depuis plusieurs saisons, les labels parlent d’eux mêmes ; il nous faut encore du temps pour créer cette continuité sur toute la Section JEUNESSE, et d’arriver à homogénéiser le niveau des catégories. Aujourd’hui, on se donne des vraies obligations de moyens et non de résultats, car on sait que ces derniers sont trop dépendants de faits que l’on ne maitrise pas. Alors, si effectivement la situation semble paradoxale actuellement, je suis sûr qu’elle ne le sera plus d’ici quelques saisons, si nous restons bien sur en accord avec nos valeurs, et en continuant à miser sur le développement sportif et éducatif de nos joueur.euse.s.
Q – Comment expliques-tu que le CA Paris 14 voit partir régulièrement vers d’autres clubs des joueurs (principalement) ou des joueuses au sortir de son l’Ecole de Football ?
Je pense que c’est malheureusement le lot de tous les clubs… La concurrence à Paris est extrêmement rude, et partout où l’on passe on sent que nos joueurs sont « surveillés ». Il y a plusieurs lectures possibles : soit nous avons bien formé notre joueur et il part jouer à un niveau directement plus haut, ce qui est à la fois valorisant pour nous mais en même temps frustrant car nous perdons forcément en qualité, et même s’il doit partir, nous préférons que cela se fasse sur un temps étudié avec lui et sa famille pour qu’il trouve un horizon épanouissant. C’est notamment dans cet esprit que nous travaillons avec le Paris FC dans le cadre de notre partenariat. Soit le joueur part, car lui ou les parents sont insatisfaits pour diverses raisons, et comme nous savons que nous ne sommes pas parfaits sur tous les fronts, cela nous amène à une remise en question permanente avec une vraie volonté de fidéliser les licencié.e.s. La dernière option est la plus triste à mon goût : des clubs font des promesses qu’ils ne sont pas sûr de pouvoir tenir, les enfants partent avec de fausses idées en tête, et reviennent parfois la saison d’après ! On sait aussi que le fait de garder ses joueurs passera par augmenter nos niveaux de pratiques dès la préformation, on en revient donc à notre projet à long terme cité un peu plus haut.

Q – Tu es arrivé au CA Paris 14 il y a 18 mois après avoir effectué ton parcours d’éducateur et de joueur à l’E.S. Seynod, un club de Haute Savoie. Comment s’est passée ton acclimatation ?
Plutôt bien. Les débuts, ont été un peu difficiles forcément. Paris, c’est un monde à part : on croise des joueur.euse.s exceptionne.le.s tous les week-end, un esprit de compétition exacerbé, athlétiquement chez les jeunes c’est impressionnant… Après c’est aussi une manière totalement différente d’évoluer et de voir les choses dans un club. Il a fallu un temps d’adaptation évidemment, mais j’ai eu la chance de tomber dans un club avec un esprit familial, de rencontrer les bonnes personnes qui m’ont permis de m’intégrer et aujourd’hui d’être au poste où je suis. Tout va très vite, beaucoup plus qu’en Haute-Savoie, même si j’avoue que les montagnes au bord des terrains me manquent parfois ! (rire)
Interview réalisée le 28 janvier 2020.